Train de nuit Palerme – Naples, Herculanum

Mission accomplie. Bravant tous les dangers nos valeureux reporters ont percé le secret du passage en train du détroit de Messine. Après s’être glissé dans le mystérieux convoi ils ont découvert un placard où, chance inouïe, on avait préparé des couchettes. Ils se sont donc confortablement installés et endormis, non sans avoir préalablement et adroitement tiré les vers du nez à un initié en uniforme et ainsi appris que la traversée du détroit aurait lieu vers minuit. Vers minuit ils ont donc découvert que la ligne de chemin de fer se termine au bout d’un quai et que, si on prend la précaution d’y installer un gros bateau avant l’arrivée du train, celui-ci ne tombe pas à la mer. Il entre dans la bateau qui, à cet étage, comprend pas moins de 4 voies de chemin de fer. Sur chaque voie on peut faire entrer jusqu’à 4 wagons. Et hop, le tour est joué, la traversée prend une petite demi-heure, on ressort les grappes de 4 wagons, on les recolle ensemble et c’est reparti. Dingue, non ? En tout cas, sentir le roulis et les trépidations d’un gros bateau alors qu’on est dans un train, c’est très curieux.

Au petit matin, après un gros dodo bercé par le rythme du train, nous sommes arrivés vers Naples et nous avons découvert que la météo était bien différente de celle de Palerme. De gros nuages noirs déversaient une pluie bien dense sur la banlieue. Heureusement cela s’est calmé avant notre arrivée et nous avons pu comme prévu prendre un autre train pour Herculanum, malgré l’inondation de certaines voies de chemin de fer.

Herculanum est une petite ville au bord de la mer à quelques kilomètres de Naples. Un de ses quartiers est entièrement occupé par la partie excavée de l’Herculanum antique. Celle-ci a été, comme Pompéi, recouverte par plusieurs mètres de lave, de cendres et de scories lors de l’éruption du Vésuve en l’an 79 de notre ère. Elle se trouve donc en dessous du niveau de la ville actuelle. Ça donne un étonnant panorama avec l’antique au fond d’un trou rectangulaire de 10 à 20 mètres de profondeur, la moderne tout autour, au-dessus et au loin le Vésuve couronné de nuages qui semble nous dire “faites gaffe, je peux encore mordre”. Les maisons ont été assez bien conservées et on peut encore admirer des fresques et des mosaïques. Après presque 2000 ans les peintures sont un peu fanées mais les (rares) pâtes de verre ont encore de belles couleurs. Pas mal d’édifices ont encore leurs deux étages debout. Côté mer la cité se termine par des sortes de garages à bateaux voutés. L’eau arrivait jusque là mais le rivage a été repoussé de plusieurs centaines de mètres par l’éruption et les garages à bateaux sont désormais à sec. On y a retrouvé plusieurs centaines de squelettes d’habitants qui s’étaient enfuis vers la plage mais n’ont pu échapper à la nuée ardente. Cette scène figée est moins étrange que les catacombes de Palerme mais le sort tragique et brutal de tous ces gens la rend encore plus émouvante.

Ce contenu a été publié dans Sicile, sept. 2019. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.