Ce dimanche 31 décembre matin le ciel est tout gris. Il ne pleut pas encore mais ça pourrait venir. Nous espérons que cela ne compromettra pas les festivités du nouvel an prévues sur les quais ce soir. Nous décidons de visiter le musée d’art moderne et contemporain (le MAMOC, pour les intimes, conformément à la mode des MAM, MOMA et autre MAMAC), en passant tout d’abord par la plaine de Plainpalais, juste à côté du parc des Bastions. Il y a là, normalement, un marché. En arrivant sur les lieux nous découvrons, en plus du marché, une grande fête foraine et un cirque « de noël ». Une sculpture sphérique en inox, creusée de multiples cratères, figure la lune à l’entrée de ce Luna Park.
Un peu plus loin, sur le même trottoir, un monstre de Frankenstein en bronze semble parti à la recherche de quelque proie. C’est l’œuvre d’un collectif d’artistes genevois nommé KLAT. Ce monstre est intéressant car, pour une fois, il ne doit rien à Boris Karloff. Pas de boulons plantés de part et d’autre du cou. Intéressant, surprenant et véritablement effrayant.
Malheureusement le « MAMOC » est fermé aujourd’hui. Nous nous rabattons sur le musée d’ethnographie de Genève (le « MEG ») voisin et ne le regrettons pas, c’est un magnifique musée à la scénographie impeccable et où nous restons plusieurs heures sans voir le temps passer.
L’Europe est représentée, entre autres, par des ustensiles fermiers en bois, dont ces magnifiques récipients formés de douelles et cerclés d’éclisses ouvragées, le tout sans aucun clou, vis ou soupçon de colle. Ils résistaient pourtant parfaitement à la pression et à l’acidité du lait et du sérum. De la belle ouvrage.
Certaines sculptures rébarbatives sont hérissées de multiples clous, pointes de bois ou lames de couteau, comme ce chien de la région du Congo, à tête de Janus de la fin du 19ème siècle.
Le soir venu, après un rapide dîner (« souper » en genevois) au pub Britannia, nous partons courageusement à pied vers les quais de la rive gauche où nous attendent en théorie des concerts, des bars restaurants éphémères et, à minuit, un feu d’artifice. Malheureusement la petite pluie du début s’intensifie nettement et nous finissons par tourner casaque avant d’être trempés. C’est à ce genre de détail qu’on voit que nous ne sommes pas d’ici : les genevois sont nombreux à braver les intempéries pour se rendre à la fête.
En fin de soirée la pluie cesse et le ciel s’éclaircit. Nous ressortons pour assister au feu d’artifice depuis le quai du Mont Blanc. Il y a foule. Sans égaler en originalité les feux de Cannes celui-ci est assez joli. Circonstance oblige, il a de plus l’avantage d’être parfaitement ponctuel. Le jet d’eau a été exceptionnellement redémarré et illuminé en rouge sombre. L’ensemble forme un beau spectacle récompensé par des applaudissements nourris.