Le parc archéologique de Néapolis

Aujourd’hui nous avons décidé de visiter le parc archéologique de Syracuse, dit parc archéologique de Néapolis (la ville nouvelle). Nous quittons donc notre île d’Ortigia en passant l’un des deux ponts, marchons une demi-heure et arrivons au parc à peu près à 8h30, heure de l’ouverture.

Certaines parties sont fermées à la visite car trop dangereuses. C’est le cas de la soi-disant « tombe d’Archimède ». Notre première halte est donc le Latomia del Paradiso.

Comme nous n’avons pas pris de renseignements préalables et n’avons pas de guide nous pensons tout d’abord avoir affaire à un fossé d’effondrement naturel avant de remarquer les pans parfaitement verticaux, striés de fines rainures. Certains trous dans les parois verticales ont en outre des formes bien peu naturelles. Pas de doute, la main de l’homme a en grande partie façonné ce lieu, si ce n’est totalement.

Le Latomia del Paradiso, ensemble de carrières de calcaire antiques

Comme nous l’apprenons plus tard en creusant la question, il s’agit d’un immense ensemble de carrières de calcaire datant de l’époque grecque et qui ont également servi de prison, en particulier pour les quelques milliers d’athéniens ayant survécu à la calamiteuse expédition de Sicile en 415 avant Jésus Christ. Les carrières ont servi, aux époques grecques puis romaines, à la construction de Syracuse et, en particulier, de ses fortifications.

La forme générale d’immense trou du Latomia del Paradiso est due à l’effondrement sous l’action des séismes des grottes excavées. Le grand tremblement de terre du 16ème siècle, en particulier, a profondément remanié le lieu.

Le site doit son nom de Paradiso à sa transformation en jardin, notamment d’agrumes, après la fin de l’exploitation.

La dimension des excavations qui subsistent en périphérie est impressionnante. Nous ne parvenons pas à comprendre pourquoi les parois sont souvent en dévers au lieu d’être parfaitement verticales mais quoi qu’il en soit tous ces creusements représentent un travail titanesque.

L’une des carrières du Latomia del Paradiso

L’extraction des blocs de calcaire a donné, en creux, un aspect très étrange aux cavernes. Avec tous ces plans bien droits et ces angles nets on dirait un décor de cinéma ou de série de science fiction. Les mineurs ont laissé des piliers de roche pour soutenir les voûtes mais ils paraissent bien peu nombreux par rapport à la masse gigantesque de pierre loin au-dessus de nos têtes. Un tremblement de terre, même minime, pendant la visite serait tout à fait malencontreux.

Les tailles ont donné aux lieux un aspect très étrange

La grotte la plus impressionnante est probablement l’oreille de Denys (Orecchio di Dionisio), avec ses 23 mètres de hauteur, ses 65 mètres de profondeur et sa largeur qui varie de 5 à 11 mètres. Son nom lui aurait été donné par le Caravage en raison de la ressemblance de son entrée avec une oreille de faune et en référence au tyran Denys l’Ancien qui, dit-on, profitait de l’acoustique particulière de la caverne pour espionner les conversations de ses prisonniers.

L’Orecchio di Dionisio, une des carrières du Latomia del Paradiso

Le grand théâtre grec est assez bien conservé car, à la différence de nombreux édifices de ce genre, il a été taillé dans la roche, gradins compris, au lieu d’être assemblé avec des pierres de taille. Pendant toute la saison estivale il est équipé de sur-gradins en bois et d’une scène moderne. De nombreuses représentations y sont données ; cette année la tragédie antique grecque était à l’honneur (Eschyle, Sophocle, Euripide…). Nous arrivons à la fin de la saison et des ouvriers sont en train de démonter les gradins et la scène.

Au loin, dans le port de Syracuse, on aperçoit deux paquebots de croisière, étrange contraste entre le 5ème siècle avant et le 21ème après Jésus Christ. S’il revenait aujourd’hui Eschyle serait surpris…

Le théâtre grec, cinquième siècle avant Jésus Christ

Autre époque, autre site, l’amphithéâtre romain est assez bien conservé. Il pouvait accueillir jusqu’à 20000 spectatrices et spectateurs (ou peut-être uniquement des spectateurs ? les romains étaient tellement misogynes). La fosse centrale servait aux effets spéciaux. Les gradins sont traversés par des rainures obliques dont nous ne comprenons pas la fonction.

Amphithéâtre romain, 2ème siècle après Jésus Christ

De retour en ville nous voyons, fermant l’extrémité d’une rue, la partie supérieure de l’un des paquebots à quai. On dirait vraiment qu’un immeuble tout neuf a poussé là

Les paquebots de croisières ajoutent de nouveau immeubles à la ville

Nous finissons notre expédition chez les frères Burgio, à l’intérieur du marché, devant des planches de fromage et de charcuterie, des bières et des verres de vin (dont du Porta del Vento, petit bijou de la région de Palerme que nous avions déjà goûté il y a 3 ans). Le restaurant fait partie d’une boutique fort belle et extrêmement tentante où de nombreuses personnes viennent faire leurs emplettes pendant que nous dégustons les produits locaux. Une adresse à retenir.

Chez Fratelli Burgio, une très belle boutique de vins, fromages, charcuteries, etc. au cœur du marché
Ce contenu a été publié dans Sicile, sept. 2022. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.