Les îles Kornati

L’excursion dans le parc marin des îles Kornati part du port de Murter à 9 heures mais nous arrivons en avance afin de choisir notre place à bord. Le départ est à l’heure exacte et, tout de suite, on nous propose un petit verre de schnaps en guise de petit déjeuner, probablement pour prévenir le mal de mer.

Le petit verre de schnaps de bienvenue
Le petit verre de schnaps de bienvenue

Après environ 90 minutes de navigation vers le sud-ouest nous entrons dans le parc entre les îles Kornat et Otok Vela Smokvica. Kornat est la plus grande des 89 îles qui composent le parc. Comme nombre de celles qui bordent cette rive de l’Adriatique elle est tout en longueur, parallèle à la côte, c’est à dire orientée du nord-ouest au sud-est. Elle mesure une vingtaine de kilomètres et est quasiment désertique, seules quelques touffes d’une sorte de buisson très coriace parsèment les pentes abruptes où ils forment des taches vert sombre. À la couleur près on dirait le pelage d’un chien dalmatien.

La végétation des Kornati, façon 101 dalmatiens
La végétation des Kornati, façon 101 dalmatiens

Le bateau prend la direction de l’ouest et nous longeons la côte sud de Kornat pendant quelques temps. L’île est sillonnée de murs de pierres sèches plus ou moins perpendiculaires aux rivages, qu’on remarque de très loin et qui découpent l’île en grandes parcelles. Un membre de l’équipage nous explique que leur longueur cumulée approche les 400 kilomètres, qu’ils servent à délimiter les propriétés et à entraver les déplacements des moutons. On ne voit pas trace des bêtes, peut-être ne paissent-elles pas ici l’été où il fait trop chaud, trop sec, et où la maigre végétation ne serait pas suffisante.

L'île quasi désertique de Kornat et ses centaines de kilomètres de murs de pierres sèches
L’île quasi désertique de Kornat et ses centaines de kilomètres de murs de pierres sèches

Certains murs sont construits dans des pentes impressionnantes. On ne peut qu’admirer les gens qui les ont bâtis, leur courage et leur persévérance. Ils ne manquaient certes pas du matériau de base mais pour entreprendre un tel travail, sur de telles distances, sans se décourager immédiatement, il faut un peu de l’esprit des grands bâtisseurs de pyramides ou de cathédrales. Ou l’impérieuse nécessité de la subsistance.

Un mur qui grimpe une colline particulièrement raide
Un mur qui grimpe une colline particulièrement raide

Nous ressortons de l’archipel au sud, vers l’île Otocic Vodenjak, puis mettons le cap au nord-ouest en le longeant par le sud, jusqu’à l’île de Mana où nous faisons étape une heure. Tandis que la plupart des passagers se baigne dans une petite baie abritée nous montons la colline pour voir de plus près les ruines que nous avons remarquées au sommet de la falaise en doublant la pointe sud de l’île. Elles sont très étonnantes par leurs proportions, certaines maisons semblent vraiment trop petites, par leur nature, certains bâtiments font penser à des édifices religieux et détonnent franchement ici, et par leur mode de construction, de loin tout semble de pierres sèches mais de près on peut voir du mortier ici et là. En nous renseignant plus tard nous comprendrons qu’il s’agit d’un décors de cinéma, construit pour le tournage d’un film allemand de 1959 dont l’action se passe en Grèce et qui raconte une aventure de pêcheurs. Le film a, paraît-il, eu un grand succès mais il n’a pas laissé de trace indélébile dans l’histoire du cinéma.

On trouve sur Internet des explications plus fantaisistes, peut-être nées des racontars de croates farceurs, selon lesquelles il s’agirait des ruines d’un monastère du 11ème siècle. C’est assez invraisemblable car, vu le mode de construction, il ne resterait que des tas de cailloux. De plus, toutes les tentatives anciennes d’habitat permanent depuis l’époque romaine ont échoué : il n’y a pas d’eau ici, à part celle qui tombe parfois du ciel.

Les ruines de l'île Mana
Les ruines de l’île Mana

De retour au bateau nous déjeunons. Le vin blanc croate est léger et se vend au litre mais il est néanmoins assez bon.

Le vin blanc est au litre mais à seulement 11% d'alcool
Le vin blanc est au litre mais à seulement 11% d’alcool

Nous reprenons la mer avant la fin du déjeuner, suivis par une nuée de goélands auxquels tout le monde jette ses restes. Il n’est pas sûr que le maquereau grillé et le steak soient le régime habituel de ces oiseaux mais c’est amusant.

Les goélands finissent les restes du repas de midi
Les goélands finissent les restes du repas de midi

Nous faisons une autre halte à Otok Levrnaka où une plage est propice à la baignade même si, contrairement à ce que vantent les différents guides, on n’y trouve pas plus de sable que sur celle de Murter.

Pour rentrer nous sortons du parc par la pointe nord-ouest de Kornat, et doublons la pointe nord-ouest de l’île de Zut, qui ne fait pas partie du parc mais qui, vue du bateau, ressemble comme deux gouttes d’eau à Kornat, avec les mêmes murets de pierres sèches. Le reste du voyage est direct vers Murter, en direction du sud-est pendant environ 2 heures. En nous éloignant nous profitons d’une vue élargie sur cet étonnant archipel couvert de collines rases dont les plus lointaines prennent une nuance bleutée.

Les îles Kornati
Les îles Kornati

Le soir venu nous dînons à nouveau entre Murter et Betina. Au retour nous restons un moment assis au bord de la piste de pétanque de Murter où un groupe dispute une partie. La pétanque d’ici ressemble beaucoup à celle que nous connaissons avec de petites différences : les boules sont un peu plus grosses, intermédiaires entre les nôtres et celles de la boule lyonnaise, et les règles semblent plus strictement appliquées. On marque les positions des boules et du cochonnet pour pouvoir les replacer en cas de besoin, on respecte scrupuleusement les distances maximum et minimum lors du lancer du cochonnet, etc. La piste est très belle, bordée de murets, avec aux extrémités des reposoirs à boules et des amortisseurs en caoutchouc. Le sable est fin, bien tassé, et soigneusement arrosé avant la partie pour éviter la poussière. Un vrai billard.

La partie de pétanque
La partie de pétanque
Ce contenu a été publié dans Italie, Croatie, août-septembre 2023. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.