Ce matin nous avons visité un autre de ces palais Palermitains transformés en musée : le palazzo Abatellis. Le palais, magnifique et très bien restauré, date de la fin du 15ème siècle. Il renferme une belle collection d’œuvres d’art des 14, 15 et 16ème siècles. Les thèmes sont assez peu variés mais on trouve quelques perles comme cette étrange annonciation d’Antonello da Messina dont la vierge enveloppée d’un châle bleu, devant un livre ouvert, fait penser à certains tableaux de Vermeer pourtant postérieurs de 2 siècles. Ou encore cette adoration des rois mages, du 16ème siècle, attribuée à l’école d’Anvers, où Balthazar est une femme. Certaines pièces sont presque inquiétantes, comme la madone à l’enfant entourée de 11 têtes de chérubins au regard noir et vide.
En sortant du palais, sur le mur de l’église voisine de Santa Maria Degli Angeli (dite la Gancia), on trouve une plaque en marbre commémorative du soulèvement des patriotes italiens contre les Bourbons en avril 1860, quelques semaines avant l’expédition des milles de Garibaldi. Le soulèvement tourna mal et deux insurgés se réfugièrent dans la crypte de l’église où les soldats n’avaient pas le droit de pénétrer. Assiégés, ils faillirent mourir de faim mais finirent par s’échapper par un petit trou qu’ils creusèrent dans le mur donnant sur la ruelle, et à la faveur d’une diversion organisée par leurs partisans. On peut encore voir le trou, surnommé le Buca della Salvezza, sous la plaque. Soit on l’a volontairement rétrécit, soit ces gars là n’étaient vraiment plus très épais après leur jeûne forcé.