Comme nous avons renoncé hier à boucler le tour de l’île de Murter nous partons à pied explorer la partie nord que nous avons ratée. Nous longeons donc d’abord la côte que nous connaissons déjà, et qui fait partie de la ville de Murter.
De petits abris côtiers sont aménagés un peu partout, avec une simple jetée étroite et peu élevée en forme de L, complétée par une jetée droite. Il y a la place pour un seul bateau, et par gros temps c’est probablement insuffisant, mais c’est une structure très répandue.
Dans le chantier naval nous notons deux gros bateaux en bois, peut-être en réparation, l’un apparemment victime d’un incendie à la poupe, l’autre franchement ouvert en deux, également à la poupe.
Après quelques minutes de marche nous arrivons à la péninsule qui forme la partie nord-ouest de l’île, en face de l’île Otok Vinik Veli. Le chemin du bord de mer est séparé de la forêt de pins maritimes qui couvre la péninsule par des murs de pierres sèches plutôt impressionnants. A certains endroits ils atteignent plus de 2 mètres de hauteur. Un panneau nous explique qu’ils ont sans doute été érigés pour de multiples raisons, qui vont du dégagement de lopins en vue de la mise en culture, à la séparation des parcelles, en passant par la lutte contre l’érosion.
Les fortes buttes de ces mêmes pierres qu’on voit sous les arbres ressemblent beaucoup aux bories qu’on trouve dans l’arrière pays grassois et qui servaient d’abris aux bergers. Mais celles-ci sont pleines, sans trace de portes. Elles étaient sans doute uniquement destinées à stocker les pierres dégagées des parcelles cultivables. Le panneau explique aussi que les bergers y grimpaient pour surveiller leurs bêtes, et que ces terres étaient jadis couvertes de vignes, avant que le mildiou ne force les cultivateurs à se tourner vers la production d’olives et d’huile d’olive. Aujourd’hui il n’y a plus d’autres traces de ces activités agricoles que les murs et les buttes. La nature a repris ses droits, les pins maritimes dominent et les cigales chantent à tue-tête.
Ces murs et buttes sont même visibles sur les petites îles proches du rivage, signe que chaque coin de terre cultivable était exploité.
Depuis cette partie de Murter on peut, parait-il, voir plus de 50 autres îles. Certaines sont assez marrantes comme celle-ci au rivage de roche nue et couronnée d’un bois assez touffu. On dirait la coiffure d’un footballeur teint en vert. Des groupes de voiliers assez importants évoluent au large selon des directions aussi bizarres que partagées ; sans doute des régates.
Nous poursuivons le tour jusqu’à la plage « Slanica » où nous déjeunons en profitant de la brise rafraîchissante et du spectacle des vacanciers qui barbotent. Les vacances ne sont pas terminées pour tout le monde.
Le soir venu nous retournons au port pour tenter de trouver une excursion en bateau dans le parc national marin des îles Kornati dont Murter est l’une des portes d’entrée. Nous faisons affaire avec une agence sur le port, la sortie aura lieu samedi, et nous dînons à nouveau à l’étage du Mareta pour profiter de la belle vue.
Peu avant le coucher du soleil une mini régate semble s’organiser entre deux chaloupes. L’une est manœuvrée par 3 jeunes filles d’une douzaine d’année qui paraissent maîtriser très bien l’exercice, malgré la taille disproportionnée des rames par rapport à leur gabarit. Elles compensent ce handicap par un énorme enthousiasme. A bord de l’autre chaloupe 4 adolescentes apparemment beaucoup moins motivées s’activent avec modération. Heureusement un adulte est là pour les aider. Après une assez longue sortie en mer, entre le port et l’île Otocic Vinik Mali, ce sont les 3 vaillantes moussaillonnes qui reviennent en tête, toutes fières, à juste titre, de leur exploit.
Pendant cette compétition inégale le soleil s’est couché et a laissé dans le ciel un magnifique dégradé de roses et de violets.
Tandis que nous dînons un petit groupe d’adultes apporte une voile et en équipe une longue vergue posée sur le quai. La vergue est ensuite hissée au mat d’une joli gajeta blanche pontée aux 2 tiers. Une longue discussion s’ensuit, apparemment pour décider si cette voile latine est de la bonne taille ou si elle est trop longue. Après quelques essais et réglages la voile est ferlée sur la vergue et tout le monde va boire un coup au bar à côté.