L’île de Murter possède une faune et une flore qui dépaysent peu lorsqu’on habite la Côte d’Azur, mais qui offrent quelques petites surprises. La faune est riche en oiseaux communs (pigeons, moineaux, hirondelles, martinets) et marins (goélands, mouettes, cormorans).
Parmi les nombreux insectes on ne peut pas oublier les cigales tant elles se manifestent volontiers.
Plus rare et discret, nous avons eu la chance de voir à la tombée du jour un énorme sphinx butinant un massif de belles de nuit. Il était magnifique avec ses grands yeux noirs et son corps rayé de gris et de blanc. Il mesurait bien 5 ou 6 centimètres de long et sa trompe (qu’on peut voir sur la photo en regardant bien) faisait à peu près le double. Malheureusement la luminosité déclinante, sa vitesse de déplacement et celle du battement de ses ailes n’ont pas permis de mieux tirer son portrait.
Côté flore Murter est heureusement bien plus fournie que les îles Kornati. Il faut dire qu’il y a de l’eau douce, ici. Nous avons vu ce que la végétation locale peut avoir d’exubérant, comme lorsqu’elle recouvre cette caravane abandonnée ou qu’elle grimpe à l’assaut des façades des plus hautes maisons jusqu’à les recouvrir entièrement.
On voit beaucoup de figuiers dont bon nombre sont visiblement cultivés car ils sont taillés bas pour faciliter la cueillette. Les figues sont partout, sur les arbres, à terre, écrasées sur les trottoirs. En fermentant, sur l’arbre ou au sol, elles dégagent une odeur aigre qu’on sent nettement lorsqu’on passe à proximité et que l’on pourrait facilement confondre avec celle du vin en train de fermenter.
Beaucoup de jardins, même modestes, possèdent un ou plusieurs grenadiers. C’est semble-t-il un fruit apprécié ici mais nous n’en avons pas vu trace dans la cuisine locale. Peut-être les grenades ne sont-elles pas tout à fait mûres ; celles qu’on voit dans les arbres sont encore un peu vertes et fermées. Ou peut-être ne les utilise-t-on pas beaucoup en cuisine.
Tout comme à Ustica ou à Lipari, dans les îles Éoliennes, les câpriers sont ici chez eux et poussent dans les fissures des murs. Ces arbustes sont étonnants, ils n’ont besoin ni d’eau ni de terre. Des cailloux, du soleil, et ils sont contents.
Bien sûr, l’arbre roi ici, après le pin maritime, est l’olivier. Les olives sont le plus souvent grosses, luisantes ou mates, un peu moins grosses que les énormes olives siciliennes mais beaucoup plus que nos petites olives niçoises.
Lors de nos deux dîners au restaurant « Skalinada » près de chez nous, on nous a offert en digestif un petit verre de schnaps aromatisé, à chaque fois tout à fait délicieux. L’un était à la cerise (il y a pas mal de cerisiers en Croatie) et c’était clairement reconnaissable. L’autre était tout aussi bon mais bien moins facile à identifier. Le serveur nous a expliqué qu’il nous servait un schnaps aux dattes d’ici. Nous nous sommes demandé de quoi il pouvait bien s’agir, puisqu’il n’y a bien sûr pas de palmiers dattiers en Croatie. Nous avons donc demandé le nom croate du fruit utilisé (cela se prononce « jijula »), avons plus ou moins deviné comment cela s’écrit (« zizula », avec des accents curvilignes sur les Z), et un dictionnaire en ligne nous a permis d’identifier le jujube. Nous ignorions que le jujubier poussait ici mais, effectivement, il y a un très beau spécimen, couvert de fruits, dans la cours même du restaurant.
C’est dans le même restaurant « Skalinada » nous avons dégusté il y a quelques jours le fameux « peka », plat national croate. Plus qu’une recette particulière c’est un mode de cuisson à l’étouffée, sous une cloche conique qui ressemble à un couvercle de plat à tajine, en plus gros. Il recouvre une sorte de sauteuse en tôle émaillée posée sur la sole des immenses barbecues qu’on trouve partout dans ce pays de grillades. Mais la braise n’est pas dessous, elle est dessus : un cercle de métal de diamètre légèrement inférieur à la base du couvercle conique, glissé autour de ce dernier, retient les braises que le cuisinier renouvelle de temps en temps pendant les quelques heures que dure la cuisson. Un anneau au sommet du cône permet de retirer le couvercle à l’aide d’une perche sans se brûler (mais on remarque sur les photos que le chef porte tout de même de gros gants jaunes en cuir). Il faut, de temps en temps, retirer le couvercle pour mélanger les pommes de terre avec l’autre ingrédient principal (veau, poisson, poulpe, etc.)