A l’ouverture (9h) nous entrons dans le palais des papes et nous découvrons immédiatement la cour carrée dont nous avons si souvent entendu parler mais que nous n’avions jamais vue. Désormais lorsqu’on nous parlera d’un spectacle qui s’y tient nous aurons quelques images en tête.
Le palais est très vaste. En l’absence de décors, devant ces grands murs épais de pierre nue, on ne peut s’empêcher de penser aux conditions de vie des gens qui ont habité ici et, entre autres, au chauffage. La taille des cheminées indique qu’il s’agissait d’une préoccupation d’importance. Dans cette pièce, à la fois bibliothèque et salle d’archive, on écrivait et on lisait, activités statiques qui justifiaient sans doute ces âtres hors norme où on pourrait rôtir simultanément un éléphant et un bœuf.
Les papes qui ont vécu ici n’étaient probablement pas de purs esprits et semblaient préoccupés principalement par les biens matériels. Certaines salles étaient réservées à l’entreposage des trésors les plus précieux. Les lourdes dalles de pierre qui en forment le sol dissimulent des cachettes de grandes dimensions. Il est amusant de voir que les touristes jettent encore des pièces et des billets dans ces coffres rudimentaires, plus de 6 siècles après le départ des propriétaires. Peut-être pensent ils que les fantômes de Jean XXII, Urbain V ou Clément VI leur en sauront gré et leur accorderont leurs faveurs.
Les jardins des papes sont magnifiques. Au pied des hauts murs du palais, bien abritées et exposées, les plates-bandes de sauge, sarriette, thym, lavande, origan embaument. Une longue rangée d’artichauts de Bretagne détonne un peu dans ce paysage provençal où on attendrait plutôt des violets ou des piquants.
La salle du Grand Tinel donne la démesure de cette époque. C’est là qu’on réunissait des centaines de convives pour des festins.
En sortant du palais on monte naturellement au rocher des Doms, tout proche, qui offre une vue magnifique sur les environs. De là-haut on voit le pont Saint-Bénézet (le fameux pont d’Avignon de la chanson) bien sûr, mais aussi Villeneuve-lès-Avignon avec son mont Andaon surmonté du fort Saint-André. Le pont enjambait jadis la partie du Rhône que l’on voit au premier plan ainsi que l’île de la Barthelasse, l’une des plus grandes îles fluviales d’Europe, et l’autre bras du Rhône, de l’autre côté de l’île. A l’époque de sa construction, à la fin du 12ème siècle, il était le seul passage du Rhône au sud de Lyon. D’un côté (Villeneuve) il touchait le royaume de France, de l’autre il touchait le comtat Venaissin, état pontifical.
Dans les jardins du Dom sont exposées de nombreuses photographies. On croise souvent le regard de Jean Vilar, ainsi que celui des comédiennes et comédiens qui ont participé à la création du festival.
Un peu partout dans le vieil Avignon un artiste mosaïste a décidé de souligner les plaques de rue avec des représentations figuratives. Il a fait l’impasse sur les nombreux noms étranges (rue Saluce, rue Banasterie ou rue de la Peyrolerie) pour lesquels une image ne vient pas spontanément. Il a préféré les rues Pie, Saint Jean le Vieux, Racine ou Corneille.