Aujourd’hui nous partons visiter Lithica, un ensemble de carrières de pierre à 5 kilomètres de Ciutadella. Les carrières s’étendent sur environ 7 hectares. Elles ont servi pendant le XIXème siècle et presque tout le XXème siècle. On en extrayait le « marès », une sorte de calcaire utilisée pour construire les maisons traditionnelles de l’île. L’exploitation a cessé en 1994 et il a un temps été question de les combler avec des résidus variés. L’association Lithica s’est créée pour sauver certaines carrières, celles de s’Hostal, les nettoyer et leur donner une seconde vie. En 2017 les carrières de s’Hostal ont été déclarées Bien d’Intérêt Ethnologique, par le conseil insulaire de Minorque. Elles sont désormais ouvertes à la visite et elles accueillent des événements culturels.
Au fond de l’une des carrières un labyrinthe fait de blocs empilés attend les intrépides. En haut de la rampe d’accès, à gauche sur la photo, on voit une structure de pierre isolée, de forme vaguement humanoïde, et d’une bonne dizaine de mètres de hauteur. Elle est assez unique dans l’ensemble du site. S’agit-il d’une œuvre d’art façonnée par les tailleurs de pierre ?
De vieilles machines toutes rouillées ont été laissées là. Leurs grandes lames de scie circulaires indiquent sans risque d’erreur qu’elles servaient à découper la pierre en blocs de taille standardisée. Les fronts de taille qui les entourent sont striés de traits de scie et mesurent plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Cet endroit est titanesque.
La carrière de l’amphithéâtre, contiguë de celle du labyrinthe, est la plus profonde. Ses parois mesurent 30 mètres de hauteur. Elle sert de salle de concert à ciel ouvert. Dans la paroi de gauche sur la photo on voit un figuier qui s’est développé dans une fissure, à peu près à mi-hauteur. C’est l’indice que ces arbres étonnants n’ont besoin que d’eau et d’air pour vivre.
Certaines carrières sont plus anciennes que d’autres. Elles datent d’avant la mécanisation des années 1960 et on y voit les traces des outils manuels. Les fronts de taille se font moins verticaux, certains dévers sont impressionnants. Ici ou là un escalier de pierre commence dans le vide et finit de même. Ces carrières rappellent celles des Latomies de Sicile, près de Syracuse.
Au fond de l’une des carrières anciennes, à laquelle on accède en franchissant une étroite ouverture dans un voile de pierre, on a apporté de la terre et de l’arrosage pour créer un jardin « médiéval ». Un point d’eau en forme de puits à margelle en occupe le centre. C’est un très bel endroit, très inattendu.