Nous avons pris nos billets pour la cathédrale (le Duomo) de façon à entrer dès l’ouverture et éviter ainsi l’affluence. Nous commençons par la terrasse dont nous soupçonnons qu’elle a beaucoup de succès et qu’il vaut mieux y monter tôt. Au débouché des escaliers on arrive sur une sorte de promenade en bordure de toit, au milieu d’une forêt de flèches et d’arcs-boutants hérissés de décorations.
Parmi les innombrables gargouilles il y en a de vraiment étranges, comme ce canard avec dents et queue de serpent mais dont l’air menaçant peine à effrayer tant il fait penser à un Donald Duck en colère.
Si on monte encore on arrive sur le toit, entièrement couvert de larges dalles de marbre blanc-rosé. On voit au loin la tour Velasca, gratte-ciel des année 50, célèbre à cause de sa forme de champignon.
Nous enchainons avec la visite de l’intérieur dont la magnificence n’a rien à envier à l’extérieur. Avec ses 5 nefs la cathédrale de Milan est gigantesque (c’est la 3ème plus grande église au monde après Saint-Pierre de Rome et la cathédrale de Séville). On pourrait y loger beaucoup de cathédrales de Grasse…
Le sol est un dallage très complexe de marbre rouge, rose, noir et blanc, remarquable par la qualité des assemblages. Pas de joints, pas d’espace entre les pièces malgré leurs formes courbes. Sa réalisation a duré presque 4 siècles, de 1584 à 1940. Près de l’entrée, perpendiculairement à l’axe principal, la ligne méridienne court dans ce dallage extraordinaire et traverse les 5 nefs. C’est une curiosité astronomique datant de 1786. Un trou dans le mur de la cathédrale laisse entrer un rayon de lumière qui, à midi, tombe sur la ligne. Des repères en forme de signes du zodiaque, de part et d’autre de la ligne, marquent les époques de l’année.
Le musée du Duomo, juste à côté, contient un grand nombre de pièces provenant de la cathédrale. Il est très bien conçu et les œuvres sont bien mises en valeur mais, quand on est pas spécialiste, on s’y ennuie tout de même rapidement du fait de la répétition des mêmes thèmes, traités de la même façon, avec des variations infimes. De temps en temps une statue sort du lot et récupère l’attention des cancres distraits. Comme cette gargouille en forme de lion avec un tuyau d’évacuation qui lui sort de la gueule. On dirait qu’il est en train de fumer un énorme pétard, impression renforcée par les mains dont il est pourvu et qui tiennent fermement l’objet.
Également à côté de la cathédrale, dans un immeuble double de parfait style fasciste, le musée de l’art du 20ème siècle présente une belle collection de peintures, sculptures et installations d’artistes principalement milanais depuis les futuristes des années 1910 à l’art « pauvre » des années 1960 à 1980.
Le musée possède de grandes baies vitrées d’où on peut observer la cathédrale, la place et l’entrée de la galerie Victor Emmanuel II. La place s’est bien remplie depuis notre arrivée ce matin vers 8 heures.
Dans l’une des dernières salles, correspondant aux époques les plus récentes, on peut voir une belle collection de chaises de designers dont la plupart sont des modèles devenus très classiques et dans lesquels ont s’est déjà assis au moins une fois. On peut les essayer toutes. Mais aucune, si confortable soit-elle, n’aidera à jouer aux échecs avec ce jeu exposé où chaque pièce a une couleur différente, de même que chaque case de l’échiquier.